Hurler sans trop faire de bruit est le recueil de 27 nouvelles écrites par Lyne Richard et sorti en librairie le 19 mars dernier. Poète, romancière, nouvelliste, artiste-peintre, cette Québécoise d’origine ne vit que pour créer. Avec Hurler sans trop faire de bruit, elle nous plonge dans un univers doux et cruel, sombre et lumineux, attirant et repoussant. Entre deux déplacements, elle a accepté de répondre à quelques questions…
Pourquoi le titre Hurler sans trop faire de bruit?
L’idée de ce livre m’est venue en observant des personnes âgées. J’ai songé à leur fragilité, à tout ce qui rapetisse en eux, ce qui disparaît et devient invisible. Elles portent une histoire, mais très peu de gens veulent l’entendre. Alors elles se taisent. Elles taisent leur vulnérabilité, parfois elles auraient envie de hurler, mais ne le font pas. Plusieurs sont abandonnées ou forcées de vivre dans des résidences. Elles ne doivent pas « faire trop de bruit ». Voilà l’idée du titre.
Dans votre livre, on passe de la beauté à l’horreur, d’une certaine manière, pourquoi ce choix? Ces deux aspects vont-ils toujours, un peu, ensemble?
La vie est faite de beauté et d’horreur et j’aime, dans mes livres, explorer à fond l’une et l’autre. J’essaie de comprendre l’expérience d’être au monde en fouillant à la fois la beauté et l’insupportable. Je ne veux pas écrire dans la tranquillité et le confort. Je veux plutôt toucher la démesure et aller dans les zones d’ombre. Ce qui m’intéresse dans l’écriture de la fiction, c’est de fouiller les personnages et de débusquer leur chute, la faille, le côté sombre de l’être, ou sa parcelle de folie, éviter l’anecdotique pour me concentrer sur ce qu’ils ressentent en poussant ma voix pour que le texte soit porteur d’émotions. Mais il faut aussi traquer la beauté, à chaque instant.
Voyez-vous un fil conducteur entre les nouvelles ou le lecteur peut-il s’y promener au gré de ses envies?
Il y a des personnages qui reviennent et des liens qui sont créés, mais je crois qu’on peut les relire séparément… après une première lecture!
Est-ce qu’il est difficile d’écrire des nouvelles? Comment vous y prenez-vous?
J’aime beaucoup l’écriture de la nouvelle parce que le temps est compté et que c’est un beau défi de faire vivre des émotions aux personnages et de créer une bonne histoire. Généralement, l’idée me vient en observant les gens autour de moi un peu partout, en me questionnant, en réfléchissant. Je prends des notes dans un calepin que je traîne toujours sur moi.
En tant qu’écrivaine, si vous deviez donner un conseil à ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure, quel serait-il?
Si j’avais à donner un conseil, ce serait de lire énormément et, ensuite, de travailler. Écrire demande beaucoup de solitude et d’acharnement. Beaucoup de discipline aussi. Et de patience. Il m’arrive parfois d’écrire des heures et de garder uniquement deux pages… Il faut écrire beaucoup avant de trouver « sa voix ».
Si vous n’aviez pas été écrivaine, qu’auriez-vous exercé comme métier?
Si je n’avais pas été écrivaine, j’aurais été artiste-peintre. Je peins, mais l’écriture prend beaucoup plus de place. Je rêverai toujours d’un grand atelier plein de bocaux de pinceaux et de tubes de couleur partout!
Si vous aviez dû écrire un livre, ce serait lequel?
J’aurais aimé écrire Je t’écrirai encore demain de Geneviève Amyot, Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier et tous les livres de Jean-François Beauchemin depuis La fabrication de l’aube, L’homme rapaillé de Miron, et tous les recueils de poèmes de Michel Pleau. Et plein d’autres encore!!!
Hurler sans trop faire de bruit est chez Québec Amérique, publié dans la collection Littérature d’Amérique. Que vous lisiez le livre par petites bouchées ou au complet, vous découvrirez à quel point certaines situations nous font passer du rire aux larmes. Et si c’était nous ces personnes âgées…
Entrevue réalisée par : Christelle Lison